Le bureau des relations publiques de l’agence de la Santé d’Alep a confirmé qu’une attaque chimique a été perpétrée sur le quartier Az-Zibdieh, situé dans les zones non contrôlées par le régime

, dans la soirée du mercredi 11 août 2016. Des dizaines de blessés attendent toujours d’être pris en charge par les médecins des rares hôpitaux  qui fonctionnent encore alors que trois personnes de la même famille (une mère, son fils et sa fille) ont déjà succombé à leurs blessures.La grande majorité des victimes se trouve être des femmes et des enfants. Les premiers chiffres font état de la présence de 35 enfants âgés de moins de 10 ans dont 25 de moins de 5 ansparmi les blessés.

Selon les premières observations des médecins sur place, des gaz suffocants ont été utilisés. En effet, les symptômes correspondent à l’inhalation de chlore. D’après les premiers témoignages, un baril de gaz chlore a été largué depuis un hélicoptère appartenant aux forces gouvernementales.

Les hôpitaux ont très vite été submergés par l’afflux de victimes. Les médecins se sont battus toute la nuit pour sauver le plus de vies possible. Une vidéo tournée dans l’enceinte de l’hôpital Al- Zarzour montre un médecin se tenant debout à coté du corps sans vie d’un petit garçon. Il explique toutes les procédures mises en œuvre pour sauver l’enfant, en vain. « Nous avons tenté de le réanimer pendant 15 minutes mais malheureusement il ne s’est jamais réveillé. Sa mère et sa sœur ont également perdu la vie dans cette attaque. Nous ne pouvons absolument rien faire pour traiter ce type de patients. La grande majorité des victimes ne survivra pas car nous ne sommes pas équipés pour traiter les blessures provoquées par les agents chimiques ».

« Depuis le début du conflit, les attaques chimiques sur les populations civiles sont régulières en Syrie. Nous les avons constatées et documentées à travers nos investigations en collaboration avec d’autres ONGS et des médecins sur place » explique Dr Houssam Alnahhas, coordinateur et expert chimique, biologique, radiologique et nucléaire au sein de l’UOSSM. Les médecins sur le terrain en Syrie ont été formés à la détection des signes cliniques liés aux armes chimiques notamment par les équipes de l’UOSSM et d’ONGs présentes sur place.

Cette attaque au chlore a été commise en violation des Résolutions 2118, 2209 et 2235 votées par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, et de la Convention internationale sur les armes chimiques.Le Docteur Ziad Alissa, Président de l’UOSSM France, dénonce cette attaque  qualifiée de « grave violation de la Résolution 2118 adoptée par le Conseil de Sécurité de l’ONU le 27 septembre 2013 qui interdit à toutes les parties au conflit de faire usage des armes chimiques. C’est inacceptable, nous en appelons à la Communauté internationale et au Conseil de sécurité pour qu’ils prennent leurs responsabilités et fassent immédiatement cesser cette guerre chimique. Les responsables de ces attaques doivent répondre devant la justice de leurs actes commis en totale violation des textes internationaux et du droit humanitaire, conformément aux dispositions de la Résolution 2235 »

161 attaques chimiques documentées ont été recensées selon le rapport de lafondation américaine SAMS (Syrian American Medical Society) réalisé en collaboration avec l’UOSSM et le Dr Houssam Alnahhas, coordinateur et expert chimique, biologique, radiologique et nucléaire au sein de l’UOSSM. Elles ont fait 1491 morts et 14 581 victimes.

77% des attaques chimiques ont été perpétrées après la résolution 2118 CSNU  de septembre 2013, votée suite au bombardement à l’arme chimique au gaz sarin sur Ghouta le 21 août 2013 et qui a fait près de 1300 morts et des dizaines de milliers de victimes. En 2015, 69 attaques chimiques ont été recensées, ce qui en fait l’année avec le plus grand nombre d’attaques chimiques depuis le début du conflit.

Déjà dans la résolution 2209, votée en 2015 , le conseil de sécurité constatait « avec une profonde inquiétude que des produits chimiques toxiques ont été utilisés comme arme en République arabe syrienne, ainsi que l’a conclu avec un degré de certitude élevé la Mission d’établissement des faits de l’OIAC, et note qu’un tel usage de produits chimiques toxiques comme arme constituerait une violation de la résolution 2118 (2013) et de la CIAC ».

Ces attaques chimiques viennent s’ajouter aux bombardements réguliers sur les civils et notamment les hôpitaux. En juillet 2016, l’UOSSM dénombre 28 bombardements sur 18 établissements médicaux dans le nord de la Syrie (Cf carte jointe) dont 14 sont soutenus par notre ONG (approvisionnement en médicaments et consommable médicaux notamment). Le mois de juillet a été le mois où il y a eu le plus d’attaques visant les hôpitaux et les établissements médicaux avec 43 attaques.  Ainsi, le cri d’alarme des médecins et du personnel médical à Alep, #SOSMedecinsAlep, lancé par l’UOSSM France, est d’autant plus urgent (l’arrêt immédiat des bombardements, stopper les frappes ciblées sur les hôpitaux et les établissements de santé, l’ouverture d’un couloir humanitaire permettant d’acheminer du matériel médical, de la nourriture et la libre circulation du personnel médical dans la ville venu soigner les blessés.) Face à l’horreur de la guerre et des attaques chimiques, ils appellent au secours et ne sont pas entendus. Il est plus que temps de réagir.

L’UOSSM, Union des Organisations de Secours et Soins Médicaux est une organisation humanitaire médicale française et  internationale dont la mission est d’apporter secours et soins médicaux aux populations affectées par le conflit en Syrie, sans aucune considération pour leur nationalité, leur origine ethnique, leur sexe, leur religion ou leur affiliation politique. Crée en 2011, l’UOSSM a déployé son action autour de cinq programmes majeurs en Syrie pour accompagner et soutenir le personnel soignant, les victimes civiles et les malades au quotidien : la construction et le soutien d’hôpitaux, la mise en place de centres de soins primaires, de centres de soutien psychologique et de santé mentale, la formation du personnel médical et la recherche médicale. L’UOSSM soutient plus de 120 hôpitaux et plus de 200 centres de santé à travers toute la Syrie.