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Une attaque chimique d'envergure a eu lieu ce samedi 7 avril à Douma dans la Ghouta orientale. Le bilan de cette attaque continue de s’aggraver alors que les derniers rapports indiquent qu'au moins 60 personnes ont été tuées et que plus de 1 000 autres ont été blessées. Notre collègue, le Dr. Muhammad Marhoum présent sur place témoigne. 

"Les derniers rapports indiquent qu'au moins 60 personnes ont été tuées et que plus de 1 000 civils ont été blessées. Beaucoup de ces victimes sont des enfants. Les chiffres ne cessent d’augmenter alors que nous peinons à accéder aux souterrains dans lesquels le gaz s’est insinué et où des centaines de familles avaient trouvé refuge. Nous sommes désemparés et nous n’arrivons pas à déterminer l’origine des attaques chimiques. Les patients présentent une hémoptysie (toux sanglante), symptôme que nous n’avions jusqu'alors jamais constaté lors des précédentes attaques chimiques. »

Le Pr. Raphaël Pitti, médecin-humanitaire, responsable formation à l'UOSSM France, a visionné les vidéos transmises par le Dr. Muhammad Marhoum. Il précise : "Les patients semblent présenter des convulsions plus typiques du sarin. Tout laisse penser que lors de la deuxième attaque, le chlore a été utilisé pour masquer dans le même temps l'emploi du sarin."

Dr. Muhammad Marhoum continue : "Beaucoup de personnes ont également été tuées par les bombardements lourds sur Douma. De nombreuses installations médicales ont été mises hors service ce week-end, dont le plus grand hôpital de la région géré par l’UOSSM, ainsi qu’une installation médicale du Croissant-Rouge. Ces installations étaient les mieux équipées de la région, aujourd’hui nous n’avons presque plus de matériel pour prendre en charge les patients qui affluent par centaines. Ce matin, l’évacuation de la zone a commencé, 100 bus ont été affrétés dans le nord de Douma, mais nous manquons cruellement d’aide et de soutien. 

Comment une attaque de la sorte peut-elle survenir près d'un an après l’attaque au gaz sarin, le 4 avril 2017, sur Khan Cheikhoun, qui avait fait 89 morts, dont 33 enfants, 18 femmes et plus de 400 blessés ? 

Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat à Douma, afin qu’une aide médicale soit apportée aux victimes de cette attaque et qu’une enquête soit immédiatement ouverte pour confirmer l’utilisation d'armes chimiques, constituant un crime de guerre."

Le Dr. Ziad Alissa, président de l'UOSSM ajoute : "C'est l'une des attaques à l’arme chimique les plus meurtrières depuis le début du conflit. A force de laisser impunies les nombreuses attaques chimiques en Syrie, les groupes armés gazent la population sans être inquiétés. Ces années d’impunité ont prouvé qu’il était acceptable d'utiliser des armes chimiques en toute impunité. Un an après que le monde ait été témoin de l'horrible attaque de Khan Cheikhoun, un an après avoir entendu nombre de fois les dirigeants des autres pays s’indigner à coup de « plus jamais », l’histoire se répète. Combien de vies auraient pu être sauvées si le droit international avait été appliqué ?"

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