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The Annual Report for Most Notable Violations of Human Rights in Syria in 2017 - A Displaced People and a State left in Ruins, publié le 26 janvier 2018 par le SNHR, Syrian Network for Human Rights, documente toutes les violations commises en Syrie en 2017 afin que leurs auteurs soient tenus responsables de leurs actes et que soit garantit les droits des victimes.

Fondé en juin 2011, le SNHR, groupe non gouvernemental, partenaire privilégié de l'UOSSM, est une source reconnue pour toutes les analyses liées au recensement des personnes décédées en Syrie. Ils nous ont notamment fourni, en septembre 2017, la liste des 732 médecins tués en Syrie depuis le début du conflit, dans le cadre de la campagne Doctors in Danger.

Ce rapport recense les violations les plus graves des droits de l'homme commises par toutes les parties en conflit en Syrie entre le 1er janvier 2017 et le 31 décembre 2017. Au total, 10 204 civils ont été tués par les principales forces impliquées dans le conflit syrien en 2017 (forces du régime syrien et les milices iraniennes, forces de la coalition internationale, groupe islamique extrémiste, forces russes, forces kurdes, factions d'opposition), dont 2 298 enfants et 1 536 femmes. Pas moins de 232 cas de décès sont dus à la torture.

Les arrestations arbitraires et les disparitions suspectes continuent : 6 517 personnes ont été arrêtées arbitrairement, dont 434 enfants et 760 femmes.

Le personnel médical a encore une fois été une cible privilégiée : 64 soignants ont été tués en 2017. Ils s’ajoutent aux 42 journalistes eux aussi tués pour avoir exercé leur métier.

Les attaques ont été d’une violence inouïe : pas moins de 17 fois, le régime syrien a eu recours à l’utilisation d’armes chimiques et 6 243 fois à des bombes barils largué par avion, tout cela en toute impunité. Toutes les parties impliquées dans le conflit ont utilisé 57 fois des armes à sous-munitions, particulièrement meurtrières et 38 fois des armes incendiaires. 

Comparaison des différentes violations des droits de l'homme en 2016 et 207

Morts civils :

  • 16 913 civils dont 3 923 enfants et 2 562 femmes en 2016
  • 10 204 civiles dont 2 298 enfants 1 536 femmes en 2017

Morts par torture :

  • 476 personnes en 2016
  • 232 personnes en 2017

Arrestations arbitraires :

  • 10 044 personnes dont 431 enfants et 533 femmes en 2016
  • 6 517 personnes dont 434 enfants et 760 femmes en 2017

Personnels médicaux tués :

  • 106 personnes en 2016
  • 64 personnes en 2017

Attaques sur les établissements médicaux :

  • 177 attaques en 2016
  • 101 attaques en 2017

Utilisation d’armes chimiques :

  • 14 fois en 2016
  • 17 fois en 2017

Bilan de l’année 2017

Un accord de cessez-le-feu en 2016 prévoyait la cessation de toutes les opérations de combat, y compris les attaques aériennes, ainsi que les raids sur le terrain de toutes les parties signataires, incluant l'opposition armée et les forces de l'alliance syro-russe. Cependant, force est de constater que l’accord n’a en aucun cas été respecté, particulièrement à la fin de l’année 2017. Violence et meurtres sont revenus à leurs niveaux antérieurs, avant l'entrée en vigueur de l'accord. Pas moins de 533 violations ont été documentées par le SNHR, dans les deux mois qui ont suivi l'entrée en vigueur de l'accord.

Quatre zones de désescalade ont été établies en mai 2017, comprenant la Ghouta orientale, la banlieue nord de Homs, la banlieue sud de Hama et les régions du sud (gouvernorats de Daraa, Suwaya et Quneitra).

Les équipes du SNHR, ont noté une baisse des bombardements et de la violence à l'entrée en vigueur de l'accord de désescalade en mai 2017, en particulier au cours des quatre premiers mois, qui s'est reflété dans la vie des citoyens sur le plan médical, humanitaire, éducatif et économique. Néanmoins, les violations n'ont cessé d'augmenter depuis septembre 2017. En particulier dans les zones de désescalade, où des centaines de violations et des dizaines de massacres et d'attaques contre des civils ont été observées, principalement dans les banlieues d'Idleb et d'Alep, et tout récemment encore, dans la Ghouta orientale, dans la banlieue de Damas.

Les zones qui n'étaient pas incluses dans l'accord de désescalade ont connu leurs pires crises humanitaires depuis mars 2011, notamment deux gouvernorats de l'est, Raqqa et Deir Ezzor, sous le contrôle de Daesh et cibles de lourdes offensives de la coalition et des forces de l'alliance syro-russo-iranienne.

Le siège sur Ghouta orientale est maintenu pour la cinquième année consécutive. L'accord de désescalade conclu le 22 juillet 2017 prévoyait le passage des convois humanitaires et l'évacuation des cas médicaux critiques, mais près 350 000 personnes sont pourtant toujours prises au piège. Le siège s'est intensifié, tout comme les offensives visant la Ghouta.

En 2017, les civils du gouvernorat d'Idleb ont fait l'objet de graves violations : exécutions et arrestations arbitraires, pillage des organisations humanitaires et des installations publiques essentielles.

Les armes chimiques ont encore été massivement utilisées, au nez et à la barbe du Conseil de sécurité, comme lors du massacre de Khan Cheikhoun le 4 avril 2017 ou de celui de Latamneh le 30 mars 2017. Cependant, sept autres attaques ont suivi dans les banlieues de Damas, sans que des sanctions soient prises.

Face à l’ampleur de ces violences, environ 1,3 million de personnes ont été déplacées de force en 2017 - soit par vagues massives à la lumière des combats et des affrontements en cours entre les parties en conflit, soit suite à des trêves et des accords conclues sur les villes assiégées. Fin de 2016, la population du gouvernorat de Raqqa était estimée à environ 470 000 personnes. En 2017, près de 450 000 personnes ont fui la zone. Un chiffre similaire pour les personnes ayant fuies Deir Ezzor. Les offensives sur Idleb et Alep ont provoqué le déplacement de 300 000 personnes.

Le gouvernorat d'Idleb est la principale destination de la plupart des personnes déplacées, impactant et détériorant les camps déjà installés sur place qui sont dans l’incapacité de recevoir un tel flux. Une situation qui a conduit à des pénuries de matières premières et de nourriture, en plus d’une absence totale de services médicaux et éducatifs.

En conclusion

L'UOSSM se joint au SNHR pour demander au Conseil de sécurité que soit respectée la résolution 2254 qui stipule que doivent cesser toutes attaques contre des biens civils. Le cas syrien doit être renvoyé à la Cour pénale internationale et tous ceux qui sont impliqués dans ces crimes de guerre doivent être tenus responsables. La sécurité et la paix en Syrie doivent être rétablies en Syrie et la vie, la culture et l'histoire du peuple syrien doivent être protégés contre la destruction et le pillage.

L’UOSSM remercie le SNHR et toutes les familles et les proches des victimes et tous les professionnels des médias qui ont contribué efficacement à ce rapport. Nos condoléances les plus sincères vont aux familles des victimes. Sans ce travail minutieux, le monde ne pourrait se rendre compte de l’ampleur du désastre humanitaire qui se joue en Syrie. Notre mobilisation continue plus que jamais pour apporter secours et soins médicaux au peuple syrien. Ensemble sauvons des vies et redonnons de l'espoir.

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