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Après ce mois d'avril 2017 particulièrement dévastateur avec plus de 25 attaques recensées contre les hôpitaux et centres de santé en Syrie, l'UOSSM a tiré la sonnette d'alarme face à ces crimes de guerre à l'occasion de la seconde édition de notre rencontre "What’s up doc’ for Syria ? #2" le 23 mai 2017.

Cette rencontre particulièrement enrichissante s'est déroulée en deux parties : 

Première partie : les femmes soignantes au cœur du conflit 

L'occasion d'un live inédit du Dr Zineb en Syrie, bras droit du Dr Zouhair Lahna, qui ont tous deux témoigné de la dernière formation qu'ils ont effectué auprès des sages-femmes et gynécologues en Syrie : 

Le Dr Zineb nous a aussi révélé la dureté de son quotidien : la jour de son appel, elle travaillait dans la matinée au sein d'un centre de santé où elle a fait deux accouchements, 1 césarienne et 35 consultations. Dans l'après-midi, elle est allée à son cabinet privé où elle a vu 60 patients. 100 personnes par jour ! Certains jours où elle se rend à l'hôpital, à distance de son domicile, elle est obligée de rester 48h d'affilé. Le Dr Zeynab est mariée, avec plusieurs enfants, c'est une combattante. 

L'UOSSM a également eu l'honneur d'accueillir le Dr Françoise Sivignon, présidente de Médecins du Monde qui a rappelé à quel point les femmes sont particulièrement exposées dans les situations de guerre : "D’après une étude récente il y a environ plus d’1,7 millions de femmes qui auraient besoin de service de santé reproductive […] En ce qui concerne plus précisément les activités pour répondre à la violence faite au genre et en particulier ce qui s’appelle le « clinical management of rape », on a un mal infini à mettre ça en place. D’abord ce sont des choses qui ont du mal à se dire : en face des femmes violées, il faut des femmes soignantes. Il faut donc qu’il y ait une réciprocité, une écoute et une confidentialité dans cette approche".

Elle ajoute : "La clé pour les prendre en charge c’est d’abord une confiance et du travail de très long terme, on sait que de toute façon pour reconstruire une santé mentale et que pour le bien-être revienne, il faut du temps donc des consultations, un appui ponctuel". 

Un accompagnement que l'UOSSM développe grâce à l'ouverture de plusieurs centres de soutien psychologique et de santé mentale mais aussi grâce à des formations auprès des personnels soignants en Syrie où depuis 2011, l'UOSSM a formé plus 8000 médecins. A ce sujet, les Dr Raphaël Pitti et Ziad Alissa ont livré, en deuxième partie de soirée, un témoignage très poignant sur leurs derniers voyages en Syrie : l'un en avril 2017 suite aux attaques chimiques de Khan Sheikhoun, le second, en mai 2017, pour l'inauguration du nouveau centre de formation de l'UOSSM dans le Nord-Est de la Syrie. 

Deuxième partie : après les attaques chimiques de Khan Sheikhoun du 4/04/2017, quelles réponses humanitaires ? 

 Ces témoignages ont été l'occasion d’interpeller la communauté internationale :

"La population est prise au piège dans ce que j’ai plus appeler souvent un camp de concentration. Un camp de concentration, parce que toutes les frontières sont fermées, la mort prédomine, quand cela va-t-il cesser ? On ne sait pas. La population essaye de fuir en permanence. Il y a environ 33 millions de personnes qui sont en situation de malnutrition à l’intérieur de la Syrie. Les maladies chroniques ne sont pas prises en charge non plus, pas de suivi".

 Mais aussi les étudiants en médecine :

"L'éthique du soignant, c’est justement de soigner et nous sommes attaqués parce que nous sommes portés par cette vocation qui est d’abord de nous porter vers l’autre dans sa souffrance [...] nous sommes là pour soigner, pour écouter, pour accompagner jusqu’à la mort, car la mort aussi fait partie de notre métier [...] tuer un soignant parce qu’ils soignent, c’est fondamentalement renier l’humanité et j’en appelle encore à vous, la jeunesse d’aujourd’hui, vous avez un devoir de vous révolter contre ce qui est de l’ordre de l'inacceptable, c’est-à-dire, tuer des collègues, médecins, aides-soignants, sages-femmes, en Syrie."

Un message qu'ils ont entendu et dont ils témoignent :