Du 20 au 23 octobre, le Pr Raphaël Pitti et les équipes de l'UOSSM, se sont rendues à Beyrouth et dans la plaine de Bekaa, où se trouvent les réfugiés syriens, pour une opération humanitaire et médicale auprès des sinistrés et des populations. Nos équipes ont eu pour mission de distribuer l’aide médicale auprès des bénéficiaires et de se rendre compte des besoins les plus urgents suite à l'explosion du 4 août, et à la crise économique qui s'aggrave depuis plus d'un an au Liban.

 

 

Pour ce premier jour, l'UOSSM est allée à la rencontre de Natalie, Yamen et du Dr Fadi, membres de l'association MAPs, partenaire de l'UOSSM sur le terrain. Un beau moment de convivialité et d'échanges, au cours duquel avons appris à mieux nous connaître (en face-à-face, c'est toujours plus sympa!). MAPs effectue un travail formidable sur le terrain auprès des réfugiés, qui sont impliqués au cœur de l'élaboration des programmes mêmes. Les équipes de MAPs sont majoritairement composées de bénévoles réfugiés syriens.

Au programme de cette journée à leurs côtés : visite des structures soutenues par l'association.

Pour notre première visite, direction les deux polycliniques gérées par MAPs ! Le Pr Raphaël Pitti s'était déjà rendu en 2015, avec l'UOSSM, dans l'une de ces polycliniques pour une mission médicale. Quelle n'a pas été notre surprise lorsque nous y avons découvert le 1er logo de l'UOSSM dans le hall d'accueil, trace de notre ancienne implication dans la gestion de cette clinique.

Nous avons été tout simplement impressionnés par l'informatisation du suivi des patients, de la propreté et du nombre de spécialités offertes au sein de l'établissement. Une qualité de service tout à fait remarquable ! Enfin, dernier atout (et non pas des moindres) : un personnel soignant majoritairement féminin !


Dans ces polycliniques, toutes les mesures sanitaires sont prises pour prévenir la pandémie de la COVID-19Depuis l'accélération de la crise économique au Liban, il est de plus en plus difficile pour la population d'accéder aux soins. Le prix des médicaments flambe, avec la pénurie de certains traitements. Dans cette clinique, une consultation ne coûte que 1$ au patient et les médicaments sont fournis gratuitement pour le suivi des maladies chroniques.

Ensuite, nous avons visité l'école Al Amal, implémentée par MAPs, dans l'un des camps de la vallée. Ici, des classes mixtes, une école bien entretenue (contrastant avec l'état délabré du camp...), et des enseignantes formées en permanence. Parmi elles, Rola, professeur d'anglais. Elle a 25 ans et est originaire de la Bekaa. 

« Pour moi, c'est très important d'insister sur l'accès à l'éducation pour les filles dès le plus jeune âge. On voit ici les effets bénéfiques de mélanger filles et garçons au sein d'une même classe. Il y a beaucoup de respect et d'interaction. Les filles s'extériorisent et prennent confiance en elles et leurs capacités. La relation avec mes collègues est également très importante et valorisée. Ici, il n'y a pas de Syriens d'un côté, Libanais de l'autre. On passe nos journées ensemble, on échange nos expériences et on ne forme qu'une seule équipe avec le même but : donner à ces jeunes toutes les clés pour leur futur ».

Nous avons poursuivi par la visite du centre de formation MAPs, pour y découvrir les diverses formations qu'ils proposent : projet de crochet pour les femmes syriennes et libanaises, programme de robotique, etc. Malheureusement, les lieux étaient bien vides à cause de la COVID... Les étudiants attendent patiemment de pouvoir revenir étudier au centre. Ce n'est pas pour autant que les profs sont découragés : Mohamad, professeur de sciences, a fabriqué un kit d'expérimentation, pour permettre à ses étudiants de fabriquer leur propre voiture téléguidée depuis chez eux. Un exercice ludique, qui ne nécessite pas de connexion Internet permanente ! Le Pr Raphaël Pitti s'est d'ailleurs laissé prendre au jeu... ;)

Pour terminer la journée, passage par leur épicerie solidaire, où les familles dans le besoin peuvent acheter à moindre coût des aliments variés et sains (contrairement aux colis alimentaires bien souvent composés à 99 % de sucre...). Une belle initiative pour restaurer la dignité dans l'accès à la nourriture pour les réfugiés.

Nous y avons fait la connaissance d'un jeune étudiant réfugié syrien, Mohamed, qui fait parti du programme l'UNHCR, et qui y commence son stage d'étude. Il suit un Bachelor en Business Management à l'antenne de la Bekaa de la New Hamshire University.

« Je viens de Damas en Syrie. Avec ma famille, nous avons fui la guerre en 2016. Je m'en souviens très bien car, c'était le jour de l'anniversaire de mon petit frère. Notre arrivée à la Bekaa n'a pas été facile, mais au fur et à mesure notre situation s'est améliorée avec l'aide de plusieurs associations. Faire mon premier stage dans la vente dans une association humanitaire est pour moi important pour façonner mes futurs projets. J'ai plein d'idées pour la suite de mes études, mais c'est un secret, rendez-vous dans quelques années... », nous confie-t-il.

 

 

 

 

Ce matin, nous avons rendu visite aux personnels soignants de l'hôpital St George et l'hôpital Geitaoui, les plus touchés par l'explosion du 4 août.

Le jour même, l'UOSSM avait lancé une collecte pour venir en aide aux soignants et leurs proches. Deux mois plus tard, nous les retrouvons sur le lieu travail, toujours éprouvés par ces épreuves.

Lara, chef du service des soins, nous fait visiter l'hôpital Saint-George. Nous avons parcouru les 12 étages (à pieds, car la plupart des ascenseurs ne sont pas encore opérationnels).

Pour le moment, l'hôpital ne fonctionne qu'au 2/3. Plusieurs soignant.e.s et infirmier.e.s ont témoigné de la situation actuelle, nombre d'entre elles.eux, sont traumatisés par les événements. Ils ont perdu 4 collègues ce jour-là... Nous avons été touchés par la situation de ces soignants, qui nous rappelle énormément celle de ceux en Syrie. Ce sont les soignants eux-mêmes qui, au lendemain de la catastrophe, ont déblayé et remis l'hôpital sur pieds pour y accueillir au plus vite les patients. 

 

 

Pour ce troisième jour au Liban, le Pr Raphaël Pitti rejoint l'équipe de MAPs pour participer aux distributions de kits COVID et de médicaments pour les maladies chroniques, rendues possibles grâce à vos dons. >> En savoir plus <<

Nous nous rendons d'abord dans le quartier de la Karantina, l'un des plus défavorisé de Beyrouth. 200 kits d'hygiène contre la COVID-19 s'apprêtent à être distribués aux familles. 

Sur place, nous nous rendons compte de la tension dans ce quartier due à la précarité des habitants, pour la plupart réfugiés. L'aide humanitaire globale n'y est pas suffisante par rapport aux besoins et ils sont très exposés aux risques sanitaires en cette période. 

En après-midi, nous organisons une deuxième distribution dans un centre de soin du centre de Beyrouth pour les malades chroniques pour 1100 familles, ainsi que 200 kits d'hygiène supplémentaires. La situation est telle au Liban que les personnes doivent aujourd'hui choisir entre se nourrir ou se soigner. Le Pr Raphaël Pitti rencontre les patients et l'équipe médicale. En plus de proposer un suivi médical aux patients, ce centre organise également des activités culturelles et est un des premiers centres de tri de Beyrouth !

Après ces 3 journées enrichissantes auprès des équipes de terrain, c'est l'heure pour Raphaël de rentrer en France. 

Son retour sur la mission :

« La mission était très courte, mais nous avons pu réaliser beaucoup de choses. C'était très important d'être là, pour rendre compte à nos donateurs d'où l'argent de notre collecte a été investi. J'ai été très impressionné par les équipes médicales et les bénévoles de MAPs. Son activité éducative, sociale et médicale pour restaurer la dignité des personnes en situation de précarité, montre une association investie et solide. J'espère pouvoir continuer notre aide à leurs côtés.

Lors de notre visite dans les hôpitaux de Beyrouth, j'ai été admiratif de ces femmes et hommes, qui au moment où ils ont subi le drame se sont relevés et se sont occupés des blessés, malgré leurs blessures et la perte de leurs collègues. Ils n'ont pas abandonné leurs postes, ont évacué les malades. Tout ça m'a beaucoup touché, et j'ai retrouvé là cet héroïsme des soignants, comme en Syrie, qui chaque jour retournent à l'hôpital tout en sachant qu'il risque d'être bombardé. Je retrouve ici toujours ce même courage des soignants, et ça me rend fier même d'être médecin à travers tous ces gens. »

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