Dr Adnan Al Jasem

C’est avec une grande tristesse que nous apprenions, le 10 septembre dernier, le décès du Dr Adnan Al-Jasem, premier médecin dans le nord de la Syrie à succomber de la COVID-19. Ce médecin anesthésiste-réanimateur de l'hôpital d'Al-Farabi à Al-Bab, dans la région d'Alep, avait fui les bombardements à Deir Ezzor et participait depuis plusieurs années à la prise en charge de nombreux blessés de guerre. Il avait intégré récemment le service COVID de l'hôpital à Al-Bab. Il avait 58 ans.

Dès l'aggravation de l'état du Dr Adnan, le Dr Ziad Alissa de l'UOSSM, s'est mis en contact avec les équipes de l'hôpital d'Al-Bab

 

Il y a seulement quelques jours, le Dr Adnan Al-Jasem a présenté les premiers symptômes. Il est resté chez lui confiné. Atteint de diabète, son état s'est malheureusement très vite aggravé. Il a été transféré le mercredi 9 septembre en réanimation. Il était sous ventilateur. Le Dr Ziad Alissa, médecin anesthésiste-réanimateur et président de l'UOSSM, a suivi de près l'évolution du Dr Adnan Al-Jasem :

« Dès l'aggravation de l'état du Dr Adnan, je me suis mis en contact avec les équipes de l'hôpital d'Al-Bab. Ils m'ont transmis les résultats que nous avons étudiés avec mes collègues de l'hôpital, ici, en France. Le Dr Adnan a été rapidement mis sous oxygène. Malheureusement, les moyens mis en place n'étaient pas suffisants bien que l'hôpital disposait de respirateurs. Le décès du Dr Adnan met en évidence le manque criant de moyens des hôpitaux en Syrie, qui ne sont pas prêts à répondre à une vague pandémique. »

Un soignant qui meurt est une tragédie en Syrie

 

La présence du virus en Syrie et sa propagation ne font désormais plus aucun doute. Selon l'OMS et la Direction de santé du Gouvernorat d'Idleb, soutenue par l'UOSSM, le nord-ouest de la Syrie compte à ce jour 170 cas de patients infectés par la COVID-19, dont 8 soignants. Trois personnes sont décédées. Concernant le nord-est de la Syrie, on dénombre 708 cas dont 108 soignants et 42 morts.

Pour l'UOSSM, les chiffres et statistiques ne sont pas l'élément essentiel à prendre en compte aujourd'hui. Ils ne sont pas révélateurs de la situation. Quand l'on connaît la pénurie de médecins et soignants en Syrie, voir les premiers soignants mourir de la COVID-19 doit être une alerte pour la communauté internationale sur les conséquences dramatiques que le virus pourrait avoir sur les populations.

Nous devons nous poser les bonnes questions :

Les médecins et soignants sont-ils assez protégés ? NON
Ont-ils vraiment la formation nécessaire pour soigner les patients atteints du virus ? NON
Ont-ils tous les moyens nécessaires à leur disposition ? NON

Protéger les soignants et renforcer le système sanitaire en Syrie est une priorité

 

Depuis le début de la crise COVID-19 en France et dans le monde, l'UOSSM s'inquiète du manque de moyens et préconise de renforcer en urgence le système sanitaire en Syrie. Il est impératif de monter le niveau des centres de santé et des hôpitaux avec :

• de l'oxygène, du matériel médical, des médicaments, des lits
• la protection des soignants qui sont en première ligne
• la formation des soignants pour la prise en charge des patients COVID-19

Depuis plusieurs mois, l'UOSSM s'est engagé à lutter contre la propagation du virus avec un plan COVID-19 transversal :

• Mise en place de centres d'isolement communautaires (CBIC)
• Soutien aux centres de santé primaire
• Stérilisation des camps de déplacés
• Distribution de kits d'hygiène aux populations
• Sensibilisation auprès des populations dans les camps de déplacés
• Sessions de formation du personnel médical dans la prise en charge des cas suspectés de COVID

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Et sur : >> À BOUT DE SOUFFLE ! << - Urgence COVID-19, de l’oxygène pour lutter contre l’épidémie en Syrie.